Et puis les nouvelles s'espacent, le sms devient le mode d'expression préféré, laconique et impersonnel à souhait. Tu envoies un petit message, comme ça. Aucune réponse. Il n' est pas nécessaire de faire des efforts, la sacro-sainte fierté pourrait en souffrir. Les jours passent. Et le matin de la cérémonie, tu ne t'en veux même pas, tu écoutes d'une oreille en larme un père te dire que c'est la vie.
Mais la vie c'était nos vendredi après midi autour de la bouteille de porto, c'était nos médisances et nos rires, nos inquiétudes partagées, notre travail sur le réseau de distribution de la bière, l'amphithéâtre buissonnier, les samedis soirs, les fiches de révision roses, les stylos parfumés, les sandwiches au fromage plastique jaune, tes cheveux, c'était nos premiers mecs, notre trac au tableau, les insultes de la boulangère qui nous détestait, les promenades, écouter les conversations dans le bus, imaginer la vie sexuelle du prof de math, les siestes dans l'herbe.
c'était pas ça. Ça, c'est trop moche, vraiment.